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Le petit livre d’Amélie Nothomb

Le petit livre d’Amélie Nothomb

Comme tous les ans à la rentrée littéraire, avec une régularité rarement égalée par ses confrères écrivains, Amélie Nothomb sort un nouveau livre. Alors normalement, je devrais dire un nouveau roman. Mais avec 140 pages et un texte imprimé en caractère 16, interligne double et des énormes marges, « Le crime du Comte Neville » relève plus de la nouvelle. Chaque année, ses livres sont de plus en plus courts et quant à l’histoire, elle ne se foule plus trop et réécrit des classiques, mais à sa sauce.



« Le crime du Comte Neville » est du reste, de l’aveu même d’Amélie Nothomb, la libre interprétation d’une nouvelle d’Oscar Wilde parue en 1887 : « Le crime de Lord Arthur Savile ». Wilde y fait la satire de la noblesse anglaise de l’ère victorienne à travers un Lord à qui un voyant prédit qu’il sera l’auteur d’un crime. Ne voulant pas se marier avant d’avoir commis ce meurtre, il prend les choses en main et empoisonne une vieille tante en fin de vie, histoire de régler le problème. Sauf que la tante meurt de sa belle mort avant d’avoir bu le poison. Il se rebat sur un cousin éloigné, mais sa tentative avorte également. Au final, il se dit qu’il ne se mariera jamais, quand un jour il rencontre le voyant, le pousse plus ou moins par accident dans la tamise et le tue. Il peut ainsi convoler en juste noce et tout est bien qui finit bien.



Dans « Le crime du Comte Neville » Amélie Nothomb reprend la même trame à cela près que l'on n'est plus dans l’Angleterre du XIX siècle mais dans la Belgique d’aujourd’hui.

 Le comte Neville est un aristocrate belge à qui une voyante prédit qu’il va tuer un de ses invités lors de sa prochaine réception. Neville en est mortifié, non pas parce qu’il va commettre un meurtre, mais parce que tuer un invité ne se fait pas, c’est une terrible faute de goût. Il a d’autant moins droit à l’erreur que c’est la dernière grande fête qu’il organise, car ruiné, il va devoir vendre le château familial.

 Dépité, le comte se demande comment sauver la face.
La réponse vient de sa fille, qui, dépourvue de toute émotion depuis un traumatisme subi à l’âge de 12 ans, lui propose d’être cette victime et ainsi d’éviter le déshonneur. Elle espère par la même occasion ressentir enfin quelque chose. Bien entendu, le compte rechigne un peu, cherche d’autres solutions, mais fini par se résigner.

Le jour J, alors qu’il s’apprête à accomplir la prophétie de la vieille voyante, sa fille écoute une chanteuse d’opéra venue pour la réception. Elle est touchée par l’interprétation de la cantatrice et se met à pleurer. Elle dit donc à son père que ce n’est plus la peine de la tuer et que de toute manière, les prophéties des voyantes, on s’en fiche un peu. Le comte, tout troublé qu’il est, trébuche, fait valser un plateau qui retombe net sur la nuque d’une vielle tante et la tue sur le coup. Comme c’est un accident, personne ne s’offusque de cette mort, le comte n’est pas inquiété et cerise sur le gâteau : il hérite de la vieille qui était très riche et peut sauver son château.



Sans trop se casser, en 140 petites pages, la baronne Améllie Nothomb conclue son histoire, honore son contrat avec Albin Michel, calme ses afficionados qui s’en foutent un peu de ce qu’elle écrit du moment qu’elle sort un bouquin tous les ans, et les médias ont une bonne cliente sur les plateaux le temps de la promo pour assurer le spectacle.


Tout est bien qui finit bien.

 

Le crime du comte de Neville
Amélie Nothomb
Ed. Albin Michel
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