Fred Vargas est née à Paris en 1957. De son vrai nom Frédérique Audoin-Rouzeau, Vargas est son nom de plume pour les romans policiers. Elle l’a emprunté à sa sœur jumelle, Jo, peintre contemporaine, qui la première le trouva, l'empruntant au personnage joué par Ava Gardner dans La Comtesse aux Pieds Nus. Archéozoologue et historienne de formation, ayant écrit un ouvrage novateur et très remarqué sur la Peste noire en 2003 (Les Chemins de la peste, le rat, la puce et l'homme) ,elle s'intéresse à la préhistoire, puis choisit de concentrer ses efforts sur le Moyen Âge. Actuellement ses recherches d'historienne-archéologue portent sur les ossements animaux du Moyen Âge. Elle a débuté sa "carrière" d'écrivain de roman policier par un coup de maître. Son premier roman Les Jeux de l'Amour et de la Mort, sélectionné sur manuscrit, reçut le Prix du roman policier du Festival de Cognac en 1986 et fut donc publié aux éditions du Masque. Fred Vargas, mère d'un petit garçon, vit à Paris.
Autoportrait paru sur l’excellent site www.romanpolicier.com
aujourd’hui fermé.
Que voulez-vous que je vous dise ? Je suis née de père et de mère, c'est déjà ça de pris. Sachez que mon frère aussi est né de père et de mère, c'est une tradition dans la famille, chacun son
truc. Je n'étais pas toute seule dans l'œuf, ma sœur jumelle était là qui m'a tenu compagnie dans le petit habitacle maternel durant huit mois. Elle est née dix minutes avant moi, c'est là un
détail passionnant, et puis j'ai suivi. Nous voilà donc dehors, à Paris, un 7 juin, qu'est-ce qu'on va faire ? C'est passionnant. On nous noue d'urgence des bracelets de couleur aux poignets pour
ne pas nous confondre. On nous prénomme : Joëlle pour ma jum' (qu'on appelle aussitôt "Jo" par flemme, certainement) et Frédérique pour moi (qu'on appelle illico "Fred" par flemme, je suppose).
Mon frère Stéphane avait été nommé "Steph" par flemme, je présume. Dans la famille, on est assez économe sur les prénoms, chacun sa manière. Quand je vous dis que tout cela est passionnant, vous
voyez que je ne vous raconte pas des blagues.
Je ne me suis pas quittée, avec ma jumelle, si vous me suivez bien. Tout ce qu'elle savait faire, je ne le faisais pas et vice-versa. Ainsi, pas de rivalité en vue, et une grosse économie
d'énergie, une astuce formidable. Si bien que je suis devenue à moitié compétente dans les choses de la vie, et elle de même. Je poursuis cette histoire qui, je la sais, vous tiens en haleine :
Jo s'est mise à peindre très tôt, j'ai lâché le crayon aussi sec. Sans vocation, j'ai tourné coté sciences, archéologie médiévale. Je suis toujours archéologue, et ma sour est toujours peintre.
Je discute ses tableaux comme elle corrige mes textes. Ah oui, le polar, j'oubliais. Pour me divertir de temps à autres du Moyen Âge, je voulais faire de l'accordéon (si vous avez suivi la
logique de cette époustouflante histoire, vous aurez déduit finement que ma jumelle était portée coté musique classique, et donc, moi, accordéon). Je me suis acharnée sur cet instrument pendant
dix ans, avec une absence de talent stupéfiante. Un beau soir, émergeant d'un chantier de fouilles, j'ai trahi mon accordéon, qui me le rendait bien, et j'ai fait l'acquisition d'un cahier propre
et d'un feutre neuf pour écrire un polar. Allons-y. J'ai continué.
Un autre beau soir, ma soeur m'a dit : "Pourquoi écris-tu ?". Et j'ai fait cette réponse, devenue historique : "Je ne sais pas". Je ne sais toujours pas. Pas mal, non ?
Bibliographie